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Roberto Lucanero · ALBUMS

Marchigianista: un album et un manifeste


“Marche, Marches, Marchigiano (habitant des Marches), Marchigianesco, … Marchigianista! Assez avec les contaminations : l’heure est à l’anthropophagie musicale”.

São Paulo, Brésil, le premier mai 1928, année 374 de la « déglutition » de l’évêque Sardinha, Oswald de Andrade publie dans la Revista de Antropofagia son « Manifeste anthropophage » : de celle-ci naîtra ensuite et croîtra le mouvement musical et culturel « tropicalista » brésilien. Porto Recanati, Marches, Italie centrale, le 18 octobre 2011, jour de Saint Luc l’évangéliste, je décide de publier sur le web mon album musical intitulé, en honneur de ce manifeste poétique et de ce mouvement, … Marchigianista!

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Marchigianista en effet n’est pas seulement le titre d’un album musical. Marchigianista est à son tour un manifeste poétique, un projet culturel, c’est une philosophie de vie, et, si pas un mouvement musical, du moins un groupe musical qui fait bouger ! « La gaieté est la preuve par neuf » répète plusieurs fois de Andrade dans « Manifeste anthropophage ». L’anthropophagie culturelle est à la base de Marchigianista: plus précisément l’anthropophagie musicale, pas de vile « contamination ». Contaminer veut dire littéralement polluer, salir, déshonorer. La contamination crée une réalité chaotique puisque le contaminant et le contaminé demeurent distincts de façon désordonnée. Manger au contraire signifie se nourrir de ce qu’on mange, signifie englober, digérer, assimiler, métaboliser. Manger donne vigueur et force, crée ordre, vie.

Manger rituellement l’ennemi, l’autre, permet d’en assimiler et d’en conserver la force, la vertu ; le tabou se transforme ainsi, définitivement, en Totem.

Tout en étant loin de nous dans le temps, dans l’espace et de par les bases culturelles dont il prend vie, le modernisme brésilien peut nous fournir de toute manière des stimuli fondamentaux.

La culture traditionnelle des Marches est périphérique par rapport à la culture dominante de masse (celle de la télévision populaire) mais aussi par rapport aux cultures traditionnelles d’autres zones d’Italie qui sont devenues centrales dans les dernières décennies grâce à d’efficaces opérations de revival dans différents domaines (le revival de la musique traditionnelle de Salento est exemplaire).

Avec le projet Marchigianista, j’ai essayé de suivre les traces des intellectuels brésiliens du siècle passé pour créer une musique qui reste essentiellement des Marches, solidement attachée à ses racines, mais qui dans le même temps devienne universelle, compréhensible partout et « exportable ». Pour obtenir ce résultat, j’ai avant tout rendu centralité à la culture de ma terre, les Marches, qui souvent existent à peine dans l’imaginaire collectif. Je suis parti de la connaissance et, quand c’est nécessaire, de la reconstruction et revitalisation de la culture traditionnelle des Marches ; simultanément, j’ai fait en sorte que cette culture traditionnelle, après s’être régénérée, prenne encore vigueur en se nourrissant de stimuli culturels et musicaux différents et souvent lointains.

J’ai commencé par parcourir l’axe temporel passé/présent à l’intérieur du territoire pour choisir le matériel sur lequel travailler : chants et danses traditionnels, mes compositions inspirées de la musique traditionnelle ou de musiques contenues dans des manuscrits du passé, des textes populaires ou d’auteur, des mythes, légendes, de faits historiques peu connus qui se sont passés dans les Marches. J’ai ensuite parcouru l’axe spatial interne/externe pour réaliser des arrangements et des improvisations qui partent de la musique traditionnelle des Marches mais qui s’inspirent aussi d’autres sources, de sources internationales : le rock progressif, le jazz rock, le folk revival français et anglo-américain, la musique latino-américaine.

Le choix des instruments musicaux utilisés aussi a suivi les mêmes grandes lignes que le répertoire et les arrangements, synthétisant traditionnel et moderne, acoustique et électrique. Mes « soufflets » (l’accordéon piano et l’accordéon diatonique) et ma voix donnent vie au feu central de Marchigianista autour duquel tournent la guitare folk, la guitare électrique et la contrebasse de Francesco Tesei, la basse électrique de Leandro Scocco et la batterie de Mauro Mencaroni (batteur historique des Agorà, groupe jazz rock des Marches qui dans les années soixante-dix était connu et apprécié à niveau international).

La base poétique de Marchigianista et de sa voracité musicale peuvent donc être trouvées dans les écrits de Oswald de Andrade. Certaines déclarations de l’intellectuel brésilien peuvent être d’excellentes clés d’interprétation : « le travail contre le détail naturaliste – pour la synthèse ; contre la morbidité romantique – pour l’équilibre géométrique et pour la finition technique ; contre la copie, pour l’invention et pour la surprise » (tiré du « Manifeste sur la poésie Pau-Brasil »); « la gaieté est le preuve par neuf. […] Contre la mémoire source de coutume. L’expérience personnelle renouvelée » (tiré du « Manifeste anthropophage »).

1



Sibilla

Saltarello

Moresca

Paroncina

Caronte

Scottish

Castellana

Preludio meccanico

Valzer di notte

Se amor non fusse

Le Rondinelle

La Bure

Madonna de Rambona

Piruli

La Morte

Valzer della fortuna


Sibilla


(Paroles et musique de Roberto Lucanero)

Roberto Lucanero: accordéon piano et voix
Francesco Tesei: contrebasse
Leandro Scocco: basse électrique
Mauro Mencaroni: batterie


La culture des Marches est en partie une culture sibylline.
Autour du personnage mythique de la Sibille, prophétesse et reine de la montagne, se développe une culture traditionnelle des Marches les plus profondes. Pas seulement dans les zones proches des Monts Sibillini mais dans une bonne partie des provinces d’Ascoli Piceno, Fermo et Macerata, la Sibylle est encore vivace dans la mémoire.
La musique du morceau est en style rock progressif tout en ayant été réalisée sur la base du son traditionnel de l’accordéon piano. Le texte est écrit en suivant le mètre appelé « la zingaresca » qui était utilisé pour faire des prophéties et qui, selon certaines sources, fut inventé par le poète et philosophe Cecco d’Ascoli (1229-1327), mort sur le bûcher de l' Inquisition. Ce morceau décrit la rencontre initiatique avec la Sibylle « toute parée et belle ».

Je dédie ce morceau à Marco Foppoli, grand artiste, illustrateur et héraldiste. Il est l’auteur de l’illustration de la couverture : « Sibylla Reyna ». Marco est le seul qui n’est pas originaire des Marches à avoir travaillé à « Marchigianista » : il est un habitant des Marches honoris causa et certainement … un marchigianista !


Paroles:

Dimmi savia Sibilla,
tutta adornata e bella,
dov’è la mia famiglia
per favore.
Sono un buon cavaliere,
far guerra è il mio mestiere,
vengo a te per sapere
chi son io.

Per sapere chi sei
pensa a quello che sai,
cerca cose che hai
già vissuto.
Quel che il tempo ha celato
la tua gente ha patito,
scopri nel tuo passato
chi sei tu.

(Dis-moi sage Sibille, /
toute parée et belle, /
où est ma famille /
s’il te plait. /
Je suis un bon chevalier, /
faire la guerre est mon métier, /
je viens vers toi pour savoir /
qui je suis. /
Pour savoir qui tu es /
pense à ce que tu sais, /
cherche les choses que tu as
déjà vécues. /
Ce que le temps a caché /
tes gens ont souffert, /
découvre dans ton passé /
qui tu es.)



Saltarello


(Traditionnel)

Roberto Lucanero : accordéon diatonique et voix
Francesco Tesei : guitare folk
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Le saltarello est la danse traditionnelle la plus importante des Marches. Selon la légende, c’était, à l’origine, la danse des fées mythiques, servantes de la reine Sibylle, et ce fut justement les fées qui l’ont enseigné aux hommes.
Le saltarello que nous avons joué dans « Marchigianista » est celui de la Vallée du Musone : c’est le saltarello de chez nous !
Dans cette exécution, le tambourin traditionnel n’est pas utilisé et est remplacé par la batterie, mais dans le même temps, les instruments à corde reviennent après 150 d’absence (bien que modernes) joués de manière fonctionnelle à la danse et pas seulement accessoire.


Paroles

Lo benedico lo fiore de riso
Boccuccia ridarella demme un bagio
Boccuccia ridarella demme un bagio

Boccuccia ridarella demme un bagio
Moro contento e vado in Paradiso
Moro contento e vado in Paradiso

In Paradiso ce vedemo cara
Se non ce stamo be’ venimo fora
Se non ce stamo be’ venimo fora

In Paradiso cara ce vedemo
Se non ce stamo be’ ce ne partimo
Se non ce stamo be’ ce ne partimo


(Je bénis la fleur du riz /
Jolie bouche rieuse donne-moi un baiser /
Jolie bouche rieuse donne-moi un baiser /
Jolie bouche rieuse donne-moi un baiser /
Je meurs content et vais au paradis /
Je meurs content et vais au paradis /
Nous nous retrouverons au paradis, chérie /
Si nous n’y sommes pas biens nous irons ailleurs /
Si nous n’y sommes pas biens nous irons ailleurs /
Nous nous retrouverons au paradis, chérie /
Si nous n’y sommes pas biens nous irons ailleurs /
Si nous n’y sommes pas biens nous irons ailleurs)



Moresca


(Musique anonyme du XVIIème siècle, élaboration de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon piano
Francesco Tesei : contrebasse
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Élaboration d’un morceau qui se trouve dans un manuscrit inédit du XVIIème siècle, d’un auteur inconnu, conservé à la bibliothèque Planettiana de Jesi (An).
La danse qui stylise la lutte entre les chrétiens et les sarrasins devient aujourd’hui, du moins idéalement, une musique de rencontre entre cultures méditerranéennes en style world music.



Paroncina


(Traditionnel)


Roberto Lucanero : accordéon piano et voix
Francesco Tesei : guitare folk
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Danse traditionnelle exécutée dans le passé à Senigallia (An) et dans sa zone d’influence. Le morceau est tiré du répertoire de Mario Amici et du groupe folk « La Damigiana » de Monte San Vito (An). Dans cette version, le texte de la Paroncina devient une sorte d’hymne à l’amour libre qui se développe à travers un dialogue, durant la confession, entre un libertin impénitent et un frère, d’abord sévère puis indulgent et complice.


Paroles:


Te la voglio cantà’ la Paroncina
Sotto la coccia della maggiorana
Sotto la coccia della maggiorana
Quattro parole te dirò stasera

Quattro parole te dirò stasera
Quell’altre te le digo domattina
Quattro parole te dirò stanotte
Quell’altre te le digo domà’ nnotte.

La prima volta ch’io me confessai
Dal padre cappuccin predicatore
La prima cosa che m’ha domandato
M’ha domandato s’io faceo ll’amore.

Io j’arisposi padre confessore
Non ero nato ch’io faceo ll’amore
Io j’arisposi padre confessante
Non ero nato ch’io ci aveo ll’amante

Lu’ m’arispose ma figliolo caro
Se non lasci l’amor sarai dannato
Lu’ m’arispose ma figliolo mio
Se non lasci l’amor tu lasci Iddio

Io j’arisposi padre confessore
Meglio dannato ch’io lasci l’amore
Io j’arisposi padre confessante
Meglio dannato ch’io lasci l’amante

Lu’ m’arispose va in nome d’Iddio
L’amor lo fanno tutti lo fo anch’io
Lu’ m’arispose va in nome dei Santi
L’amor lo famo noi tutti quanti.

Non se po’ più cantà’ la Paroncina
Che l’Arciprete ci ha messo la pena
Lu’ ce l’ha messa io la voi levare
Sempre la Paroncina voi cantare

Lu’ ce l’ha messa io la voi levare
Sempre la Paroncina voi cantare
Lu’ ce l’ha messa io la levarìa
Sempre la Paroncina canterìa.

(Je veux chanter la Paroncina /
Sous le pot de marjolaine /
Sous le pot de marjolaine /
Je te dirai quatre mots ce soir. /
Je te dirai quatre mots ce soir /
Je t’en dirai d’autres demain matin /
Je te dirai quatre mots cette nuit /
Je t’en dirai d’autres la nuit prochaine. /
La première fois que je me suis confessé /
Au père capucin prédicateur /
La première chose qu’il m’a demandée /
M’a demandé si je faisais l’amour. /
Je lui ai répondu père confesseur /
Je faisais l’amour avant d’être né /
Je lui ai répondu père confessant /
Avant d’être né, j’avais l’amante. /
Il m’a répondu mais mon cher fils /
Si tu ne lâches pas l’amour tu seras damné /
Il m’a répondu mais mon cher fils /
Si tu ne lâches pas l’amour tu lâches Dieu. /
Je lui ai répondu père confesseur /
Mieux vaut damné que sans amour /
Je lui ai répondu père confessant /
Mieux vaut damné que sans amante. /
Lui me répondit vas au nom de Dieu /
Ils font tous l’amour et moi aussi /
Lui me répondit vas au nom des saints /
L’amour nous le faisons tous. /
On ne peut plus chanter la Paroncina /
L’archiprêtre nous a donné une peine /
Lui l’a mise je veux l’enlever /
Je veux toujours chanter la Paroncina. /
Lui l’a mise je veux l’enlever /
Je veux toujours chanter la Paroncina /
Lui l’a mise, je l’enlèverai /
Je chanterai toujours la Paroncina.)




Caronte


(Paroles et musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon piano et voix
Francesco Tesei : contrebasse
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Caronte est le pirate mythique des Marches, qui a fait naufrage à une époque non précisée sur le littoral de Civitanova Marche (Mc) près du torrent qui, aujourd’hui encore, porte son nom : le Fossé Caronte.
Dans la première partie de la chanson, je repropose la légende traditionnelle : le bateau fantôme de Caronte émerge des abysses quand apparaissent les feux de Saint Anselme durant la nuit des morts, le 2 novembre. Si les pécheurs jetaient leurs filets à ce moment, ils ne pêcheraient pas de poissons mais seulement les os des morts en mer.
Dans la seconde partie, je décris l’hypothétique personnage historique du pirate, en m’inspirant de manière large des écrits de Sergio Anselmi, grand spécialiste de l’histoire de l’Adriatique et de ses pirates. La musique est de saveur latino-américaine, caribéenne : elle célèbre une sorte de jumelage idéal entre les pirates des Caraïbes et ceux de l’Adriatique.


Paroles:


Oh marinà’, fermate là,
sono Caronte el grande pirà’,
vivo nel fondo del mare
e salgo su solo se
la notte dei morti appare
la luce de Sant’Ansè’.

Quando me vedi, non calare le reti
o in questa notte senza segreti
pescherai teschi e ossa rotte
di uomini persi nel mar,
sfiderai troppo la sorte
e non potrai più tornar.

Non sono uscocco né barbaresco,
sono il pirata marchigianesco,
questa è la costa mia
e quando navighi qua
devi lasciarmi la via
o ti farò naufragar.

Sublime Porta o Santo Seggio
in mezzo al mare io li dileggio,
corro con la mia galea
fino a che il cielo vorrà,
salgo con l’alta marea
poi torno giù sotto ‘l mar.

Democrazia, antinomia
egalitarismo ed anarchia:
porto con me la mia idea
utopia di libertà
fino a che la Nera Dea
con sé mi riprenderà.

(Oh marin, arrête-toi là, /
je suis Caronte le grand pirate, /
je vis au fond de la mer /
et je remonte seulement si /
la nuit des morts apparaît /
la lumière de Saint Anselme. /
Quand tu me vois, ne jettes pas les filets /
ou cette nuit sans secrets /
tu pêcheras des crânes et des os cassés /
d’hommes perdus en mer, /
tu nargueras trop le sort /
et ne pourras plus revenir. /
Je ne suis ni un pirate des Balkans ni un barbaresque, /
je suis un pirate des Marches, /cette côte est la mienne /
et quand tu navigues ici /
tu dois me laisser passer /
ou je te ferai naufrager. /
Sublime Porte ou Saint Siège /
au milieu de la mer je raille, /
je cours avec ma galée /
jusqu’où voudra le ciel /
je monte avec la haute marée /
puis je retourne sous la mer. /
Démocratie, antinomie, /
égalité et anarchie : /
je porte en moi mon idée /
utopie de liberté /
jusqu’à ce que la déesse noire /
me reprenne avec elle.)





Scottish du Lion


(Musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon piano
Francesco Tesei : guitare électrique
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Le lion est l’emblème héraldique de Recanati, ville de laquelle sont originaires les Lucanero.
J’aime particulièrement ce symbole au point de le faire figurer sur la grille de mon accordéon.
Mon scottish que nous jouons en version pseudo reggæ est dédié au roi des animaux, au lion héraldique, au lion alchimique et à tous les lions!




Castellana



(Traditionnel)

Roberto Lucanero : accordéon diatonique et voix
Francesco Tesei : contrebasse
Mauro Mencaroni : batterie

C’est la danse sautée la plus diffuse dans les Marches Centrales avec le saltarello. Ici, elle est en version de trio acoustique avec accordéon diatonique, batterie et contrebasse qui joue avec l’archet dans le style du « violone » traditionnel des Marches (un violoncelle traditionnel).

Paroles:

A mmezzo al mare ci sta bella ma ‘na viola
Non ce se po’ passare bella per quanto odora
Per quanto odora e là
Per in su per in giù per in qua per il là
E quando la mamma raccoglie l’ortiga
Suppe la riga la fa camminà
Non ce se po’ passare
Cara Ninella core de mamma
Per quanto odora

Dije a lo marinaro bella ma che la leva
Se passa lo mio amore bella me s’innamora
Me s’innamora e sì
Canta lo gallo la notte e lo dì
E do’ che lo nido l’ha fatto la merla
Do’ che lo gallo fa chicchirichì.
Se passa lo mio amore
Cara Ninella core de mamma
Me s’innamora

‘Mmezzo lo petto ci hai bella ‘na cerqua tonna
Come ce la vorria bella batte la ghianna
Batte la ghianna o là
Per in su per in giù per in qua per il là
E quando la mamma raccoglie l’ortiga
Suppe la riga la fa camminà
Come ce la vorria
Cara Ninella core de mamma
Batte la ghianna

Come ce la vorria bella batte la ghianna
Non ce la lasceria bella manco ‘na fronna
Manco ‘na fronna e sì
Canta lo gallo la notte e lo dì
E do’ che lo nido l’ha fatto la merla
Do’ che lo gallo fa chicchirichì
Non ce la lasceria
Cara Ninella core de mamma
Manco ‘na fronna

(Au milieu de la mer il y a, belle, une violette /
On ne peut y passer, belle, tellement elle embaume /
Tellement elle embaume et là /
De ci de là, cahin-caha /
Et quand la mère cueille l’ortie /
Sur la ligne elle la fait marcher /
On ne peut pas passer /
Chère Ninette chouchou de maman /
Tellement elle embaume. /
Dis au marin, belle, qu’il l’enlève /
Si mon amour passe, belle, il tombe amoureux /
Il tombe amoureux et si /
Le coq chante la nuit et le jour /
Et où la merlette a fait son nid /
Où le coq fait cocorico /
Si mon amour passe /
Chère Ninette chouchou de maman /
Il tombe amoureux. /
Au milieu de la poitrine tu as, belle, un chêne rond /
Comme je voudrais, belle, y cueillir les glands /
Cueillir les glands oh là /
De ci de là, cahin-caha /
Et quand la mère cueille l’ortie /
Sur la ligne elle la fait marcher /
Comme je voudrais /
Chère Ninette chouchou de maman /
Cueillir les glands. /
Comme je voudrais, belle, cueillir les glands /
Je ne laisserais, belle, même pas une branche /
Même pas une branche et si /
Le coq chante la nuit et le jour /
Et où la merlette a fait son nid /
Où le coq fait cocorico /
Je ne laisserais /
Chère Ninette chouchou de maman /
Même pas une branche.)





Preludio Meccanico


(Musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon diatonique
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Le prélude mécanique est une sorte de « paradiddle » que je fais toujours comme jeu, depuis que je suis petit.
J’exécute ce morceau avant la « Valse de nuit » : mon jeu puis ma valse …




Valzer di Notte


(Musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon diatonique
Francesco Tesei : guitare folk
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Les accordéonistes traditionnels ont souvent un répertoire très limité: les danses sautées et quelques danses de couple, parmi lesquelles la valse ne peut manquer. Celle-ci est généralement composée par l’accordéoniste qui y exprime totalement son style et sa technique au point que le morceau devient emblématique du musicien même. Il existe en effet la valse d’Armindo, celle de Gino, etc. Cette valse peut être définie comme « la valse de Roberto »: c’est mon cheval de bataille, c’est la valse avec laquelle je suis identifié dans le milieu traditionnel.




Se Amor non fusse


(Paroles de Olimpo da Sassoferrato, XVIème siècle, musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon piano et voix
Andrea Mei : clavier
Francesco Tesei : contrebasse
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


J’ai écrit une musique originale sur le splendide texte de Olimpo da Sassoferrato, poète des Marches du XVIème siècle.
Frère mais aussi amant des femmes ( … serait-il par hasard le frère confesseur de la Paroncina !?!), Olimpo écrivait des textes d’amour qu’il chantait souvent en s’accompagnant d’instruments à cordes. Dans les livres d’école, il est considéré comme un auteur « mineur » parce qu’il employait un langage simple et plein d’expressions typiques des Marches : c’est justement cette « nuance » dialectale (comme la définissait le grand poète anconitain Franco Scataglini) qui en fait pour moi, évidemment, un auteur « majeur ».
Olimpo est le père de tous les « Marchigianisti »!
Dans l’enregistrement, le clavier est joué par Andrea Mei, ex accordéoniste historique et claviériste des musiciens des Marches du The Gang, groupe fondamental du folk rock italien.
Je pense qu’Andrea est un des meilleurs musiciens des Marches en circulation, je le remercie infiniment pour sa participation amicale à « Marchigianista ».



Paroles:

Se amor non fusse el mondo non sarìa
et gli uomini sarìan come animali,
nisciuno non farebbe cortesia.
Se amor non fusse con suoi archi e strali
in poco tempo el mondo mancherìa
perché una volta siam tutti mortali.
Però seguendo amor dolce et da bene
multiplicando el mondo se mantene

(Si l’amour n’existait pas, il n’y aurait pas de monde /
et les hommes seraient comme des animaux, /
personne ne ferait la cour. /
Si l’amour n’existait pas avec ses arcs et ses flèches /
en peu de temps ce serait la fin du monde /
parce que une fois nous sommes tous mortels. /
Pourtant en suivant l’amour doux et bon /
en se multipliant, le monde continue.)





Le Rondinelle


(Paroles traditionnelles, musique de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon diatonique et voix
Francesco Tesei : guitare folk
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie


Texte traditionnel qui était chanté en « batoccu », technique de chant tout à fait particulière et traditionnelle des Marches, par des pasteurs originaires d’Arcevia (An). Sur ce texte, qui m’a été transmis non chanté, j’ai écrit une musique originale.
C’est avec « Le Rondinelle » que nous ouvrons généralement les concerts « Marchigianista ».


Paroles:

Le rondinelle che per mare vanno
E tutte quante lo vanno dicenno
La donna è la rovina de lo monno
Ma chi donna non ha la va cercanno

La donna è la rovina è la rovina
Ma chi donna non ha cerca e cammina
La donna è la rovina è la rovina
Ma chi donna non ha cerca e cammina

(Les hirondelles qui vont en mer /
Et toutes le disent /
La femme est la ruine du monde /
Mais qui n’a pas de femme la cherche /
La femme est la ruine est la ruine /
Mais qui n’a pas de femme la cherche et marche /
La femme est la ruine est la ruine /
Mais qui n’a pas de femme la cherche et marche)




La Buré


(Musique anonyme du XVIIème siècle, élaboration de Roberto Lucanero)


Roberto Lucanero : accordéon diatonique
Francesco Tesei : guitare folk
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Élaboration d’un morceau d’auteur inconnu qui se trouve dans un manuscrit du XVIIème siècle conservé à la bibliothèque Benincasa d’Ancône. Le manuscrit est connu comme « la tablature d’Ancône », étant justement une tablature pour clavier.





Madonna de Rambona


(Paroles et musique de Roberto Lucanero)

Roberto Lucanero : accordéon piano et voix
Francesco Tesei : contrebasse
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Le morceau est dédié à la mémoire d’Ageltrude, princesse lombarde fille d’Adelchi de Bénévent qui épousa le marquis Guido Vidoni de Camerino. Guido fut consacré empereur de l’Empire Romain d’Occident en 891. Les Vidoni, ne sont pas très étudiés dans les livres d’histoire, probablement parce que leurs gestes, s’ils étaient approfondis, ouvriraient des scénarios inquiétants pour l’histoire officielle. Ce qui est certain c’est qu’ils furent une dynastie impériale d’origine franque mais « italienne » et plus précisément, des Marches.
Ageltrude fit construire une abbaye à Rambona, près de Pollenza (Mc), dans un site où se trouvait déjà un temple dédié à la déesse Bona.
Dans les Marches, les cultes et les présences surnaturelles de divinités ou entités féminines sont depuis toujours prédominants. Il suffit de se rappeler la Madone Noire, la déesse Bona, Cupra, les fées et la Sibylle.
Je remercie Marco Graziosi, qui écrit sous le pseudonyme Marco Pugacioff, spécialiste d’Ageltrude et illustrateur. Marco m’a donné des conseils, des informations et m’a appris à aimer l’impératrice. C’est grâce à lui que la gloire d’Ageltrude renaîtra.
Je dédie ce morceau à Elisabeth de Moreau d’Andoy, elle aussi illustre habitante d’adoption des Marches, elle aussi, pour nous les « marchigianisti », glorieuse impératrice.


Paroles:


«Oh Madonna de Rambona
dove sta la tua corona,
principessa de Benevento
se tu ridi so’ contento,
oh gloriosa imperatrice
questo core che te dice,
Agertrude tutti quanti
noi con te andremo avanti.

E quando poi scenderà la sera
e la tua stella risplenderà
davanti agli occhi la tua figura
nei nostri cuori l’immensità».

Tu che nobile sei nata
sotto il noce sei cresciuta,
in ostaggio al Saracino
hai covato il tuo veleno,
poi tuo padre hanno ammazzato
e il convento hai preferito
ma l’amor di un cavaliere
ti ha portato su all’altare

è Guido il marchese di Camerino
che imperatore diventerà,
a lui sarà unito il tuo destino
e devoto il cor per l’eternità.

Se il tuo amore ha eterno foco
la fortuna dura poco,
presto muore tuo marito
e ti assedia un rinnegato,
che punisci con furore
lui e il papa traditore,
ma anche il giovane tuo figlio
morto torna al suo giaciglio.

Gertrude mia madre addolorata
fuggisti il mondo e la sua viltà,
nuova memoria ti sarà data
e la tua gloria risorgerà.

(«Oh Madone de Rambona /
où est ta couronne, /
princesse de Bénévent /
si tu ris, je suis content, /
oh glorieuse impératrice /
ce cœur qui te dit, /
Ageltrude nous tous /
irons avec toi de l’avant /
Et quand descendra le soir /
et que ton étoile resplendira /
devant nos yeux ton image /
dans nos cœurs l’immensité.» /
Toi qui es née noble, /
tu as grandi sous le noyer, /
otage du Sarrasin, /
tu as couvé ton venin, /
puis ils ont tué ton père /
et tu as préféré le couvent /
mais l’amour d’un chevalier /
t’a portée à l’autel /
C’est Guido le marquis de Camerino /
qui deviendra empereur, /
ton destin sera uni à lui /
et ton cœur lui sera fidèle pour l’éternité. /
Si ton amour a le feu éternel /
la fortune dure peu, /
ton mari mourra bientôt /
et un renégat t’assiègera, /
que tu punis avec fureur /
lui et le pape trompeur, /
mais ton jeune fils aussi /
retourne mort à sa couche. /
Gertrude ma mère affligée /
tu as fui le monde et sa vilenie, /
une nouvelle mémoire te sera donnée /
et ta gloire aura nouvelle vie.)






Pirulì


(Traditionnel)

Roberto Lucanero : accordéon diatonique et voix
Francesco Tesei : guitare électrique
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Danse jeu, rengaine et chant pour enfants répandu traditionnellement dans la zone autour de Cingoli (Mc).
Depuis que nous avons commencé à le jouer dans le festival dédié à la danse traditionnelle, le Pirulì est devenu un véritable « hit » pour les passionnés. Il a été utilisé dans les cours de danse réservés aux enfants dans différentes régions d’Italie et a été aussi traduit, de manière sympathique et allègre dans d’autres langues !
En l' honneur de sa nouvelle dimension internationale, nous avons joué et arrangé ce grand hymne « marchigianista » en faisant un clin d’oeil à des sonorités tex-mex.


Paroles:


Pirulì, que c’è da cena?
Pirulì, c’è l’insalata;
Pirulì, non l’hai lavata:
Pirulì, te la mangi tu!

Pirulì, que c’è da cena?
Pirulì, c’è le patate;
Pirulì, non l’hai capate:
Pirulì, te le mangi tu!

Pirulì, que c’è da cena?
Pirulì, c’è i pomodori;
Pirulì, per me n’è boni:
Pirulì, te li mangi tu!

Pirulì, que c’è da cena?
Pirulì, un coniglio arrosto;
Pirulì, per me l’è troppo:
Pirulì, te lo mangi tu!

Pirulì, que c’è da cena?
Pirulì, c’è una gallina;
Per quanto sei carina,
Pirulì, te la mangi tu!

(Pirulì, qu’y a-t-il pour dîner ? /
Pirulì, il y a de la salade ; /
Pirulì, tu ne l’as pas lavée : /
Pirulì, c’est toi qui la manges ! /
Pirulì, qu’y a-t-il pour dîner ? /
Pirulì, il y a des patates ; /
Pirulì, tu ne les as pas nettoyées : /
Pirulì, c’est toi qui les manges ! /
Pirulì, qu’y a-t-il pour dîner ? /
Pirulì, il y a des tomates ; /
Pirulì, pour moi elles ne sont pas bonnes : /
Pirulì, c’est toi qui les manges ! /
Pirulì, qu’y a-t-il pour dîner ? /
Pirulì, un lapin rôti ; /
Pirulì, pour moi c’est trop : /
Pirulì, c’est toi qui le manges ! /
Pirulì, qu’y a-t-il pour dîner ? /
Pirulì, il y a une poule : /
même si tu es mignonne : /
Pirulì, c’est toi qui la manges !)






La Morte


(Traditionnel, élaboration de Roberto Lucanero)

Roberto Lucanero : accordéon piano et voix
Francesco Tesei : guitare électrique
Leandro Scocco : basse électrique
Mauro Mencaroni : batterie

Chant traditionnel élaboré et arrangé en version rock. Le morceau vient du répertoire du groupe historique d’authentiques porteurs de la tradition musicale des Marches « Pitriò’ Mmia » de Petriolo (Mc).
Je dédie ce morceau à la mémoire du grand poète de Petriolo Giovanni Ginobili, marchigianista tout court, ethnomusicologue : le premier de tous, le plus fécond de tous, le meilleur de tous.


Paroles:

Vado pe’ li stradoni e vado a spasso,
‘ncontrai la Morte e me disse: “Do’ vai? “
‘ncontrai la Morte e me disse: “Do’ vai?
Pensa ch’è giunta l’ora di morire!”

“Morte, famme campà’ ‘n altri tre giorni
famme fa’ pace co’ la bella mia,
se co’ la bella la farò la pace,
tanti danari te li donarìa.”

“La Morte no’ li prende li danari
Perch’essa no’ la te’ la mercanzia,
se essa li pijasse li danari,
più ricca de la Morte, chi sarìa?...”

(Je vais par les chemins et me promène, /
je rencontrai la mort qui me dit : « où vas-tu ? » /
je rencontrai la mort qui me dit : « où vas-tu ? /
Pense qu’est arrivée l’heure de mourir ! » /
« Mort, laisse-moi vivre encore trois jours /
laisse-moi faire la paix avec ma belle, /
si je fais la paix avec ma belle, /
je te donnerai tant d’argent » /
« La mort n’accepte pas l’argent /
parce qu’elle ne fait pas de commerce, /
si elle acceptait l’argent /
qui serait plus riche que la mort ? »)






Valzer della Fortuna


(Musique de Roberto Lucanero)

Roberto Lucanero : accordéon diatonique
Mauro Mencaroni : batterie

Un morceau méditatif et lyrique qui termine l’album. Un duo insolite d’accordéon diatonique et batterie, comme si les autres musiciens étaient déjà partis.

Je dédie ce morceau final et tout l’album à ma famille, à tous les habitants des Marches, à tous les « Marchigiani » d’Italie (avec une étreinte particulière pour les Rascioni de Trieste), à tous les « Marchigiani » du Monde.



Francesco Tesei


guitare folk et électrique, contrebasse

Talent émergent de la musique des Marches, il passe avec désinvolture de la guitare à la contrebasse en s’exprimant toujours de manière originale. Ses deux instruments sont aussi le symbole de ses deux âmes : la rock et la populaire (la guitare), la classique et cultivée (la contrebasse).  Actuellement, il joue avec l’Orchestra Giovanile de la fondation Pergolesi Spontini de Jesi, il collabore avec le journaliste et écrivain Giancarlo Trapanese et avec l’acteur Michele Salvatori.



Leandro Scocco


basse électrique

Expert d’électroacoustique, inventeur et constructeur d’installations d’amplification et d’instruments musicaux éclectiques, musicien versatile, Leandro vit la musique de manière totale. Comme bassiste, il aime passer d’un genre à l’autre : de la musique contemporaine (Luca Miti) à la chanson d’auteur (Raffaele Mazzei), du folk (Roberto Lucanero) au jazz-rock (Engine Ring).



Mauro Mencaroni


batterie

Musicien légendaire dans le panorama musical des Marches, Mauro est le batteur des Agorà, groupe historique de jazz-rock. Il a enregistré les disques suivants avec eux: Live in Montreux (Atlantic 1975), Agorà 2 (Atlantic 1976), Ichinen (en cours de publication). Depuis toujours, Mauro est un musicien « on the road » dans le monde entier, tant accompagnant des chanteurs italiens de réputation internationale que comme chef de formations jazz, R&B, Fusion.



Andrea Mei


piano dans Se amor non fusse

Claviériste historique et accordéoniste des The Gang, il est resté dans le groupe avec les frères Severini de 1988 à 2000 au point d’être considéré universellement comme le « troisième Gang ». Il est maintenant auteur de chansons (pour les Nomadi par exemple), compositeur de musiques de théâtre (Rosa violata et Capelli al vento avec l’actrice Rosetta Martellini), musicien et session man, producteur discographique. Depuis 2006 il imprime des disques en duo avec Lorella Cerquetti intitulé Animali Nudi et signé « Lorelai & Doct. Mei ».